Le Labyrinthe

Châteauroux, ah le Berry. Son Berry presque. La voix joyeuse, décidément il était question du Berry ces temps ci.

Norf, Chateauroux dis tu ? C'est au Berry ça. J'étais longtemps à Saint Aignan.

Mais je suis comme toi, bien plus souvent sur les routes qu'ailleurs. En ce moment, je ne suis nulle part et partout. J'ai vendu mes champs et je voyage. Je vais où mes pas me mènent.

Citation :

Bien loin de la raison première pour laquelle ils étaient entrés dans le labyrinthe et inattentifs au chemin parcouru jusque là, les deux fiancés commençaient à se perdre…

à force de commencer à se perdre, ils se retrouvèrent dans un cul de sac de verdure, perdus on ne sait pas mais isolés, tranquilles.

il prit Phé dans ses bras et l'embrassa tendrement

Je t'aime ma Phé, ça fait si longtemps que tu es partie

elle voulu répondre, mais le baiser langoureux coupa court a toute explication;
Sur leur nuage, la tête dans les étoiles, ils restaient hors du temps, parlant de leur amour, de leurs projets en faisant abstraction de tout ce qui les entourait.

il était tard , maintenant , et la cérémonie allait bientôt débuter, il était temps de rejoindre les autres;

Il nous faut rejoindre les autres

bonne idée n'est ce pas? mais comment?

Fildaïs jeta une oeillade inquiète vers Andaine et se demanda pourquoi cette dernière ne parlait pas et restait prostrée dans un silence de réflexion. Revint vers la lieutenante pour continuer la conversation.

Saint Aignan ? C'est drôle, c'est juste à côté mais je n'y ai jamais mis les pieds. Il paraît que c'est très sympathique, j'irai peut-être un jour, haussa les épaules, qui sait ?

Cela fait longtemps que tu es chez les Blanches, Mys ?

L'aspirante froissa le tissu de sa robe entre ses doigts, une manière de pallier à sa nervosité.

Ah ça oui c'était à côté Saint Aignan.

Oui, Saint Aignan c'est un village charmant. L'antre du poussin disent certains. Mais je dirai que c'est un havre de Paix la plupart du temps. Enfin certain la trouve trop "bisounours" justement. Mais on ne peux jamais plaire à tout le monde hein ?

La lieutenante réfléchi un long moment avant de s'avouer vaincu

Je ne sais plus depuis combien de temps je suis dans l'Ordre... je suis devenue Ecuyère en septembre, et j'avais attendu longtemps entre aspirante-apprentie et Ecuyère... donc ça doit faire pas mal de temps.

Mais tu sais, le temps passe différemment je crois quand on est dans un endroit qui nous plait, et je ne l'ai pas vu passer.

Bruits de tissus qui se froissent, et une des deux filles qui ne dit rien. Etait ce la lieutenante qui faisait cet effet là ?

Et toi Andaine ? D'où es tu ?

Perchée à mille lieues de la terre sur laquelle ses pieds étaient pourtant posés, Phe avait elle aussi oublié le temps. Sortie de sa rêverie effleurée du bout de ses lèvres par…

Il nous faut rejoindre les autres
bonne idée n'est ce pas? mais comment?

… sa pensée première fut interrogative :

Les autres ? Quels autres ?
Norf…

Ce norf rappelait à sa mémoire le cheminement qui l’avait conduit jusqu’au milieu de cette verdure. Non pas le chemin exact prit dans le dédale, qui aurait évité bien des détours, mais la cérémonie des Blanches. Cérémonie qui ne les attendrait pas, il était donc en effet temps de rejoindre ces autres.

L’aspirante sourit malicieusement à son fiancé et glissa sa main dans la sienne pour l’entraîner sur l’unique voie qui s’offrait à eux. Quant à la suite de la marche, il leur fallu aviser, essayer, hésiter, tourner, rebrousser chemin, jusqu’à ce qu’ils entendirent des voix… des femmes apparemment… plusieurs.

Phe risqua :

Y’a quelqu’un ?

Petit silence, regard complice avec Karl puis voix connue :

Ben oui, nous Phé ! Nous sommes là !

Petit rire de l’aspirante :

Oh Fifi c’est toi ? Quand es-tu arrivée ? Tu es là oui mais là où ?

Questions tout aussi stupides que la réponse de Fildais qui amorça un fou rire contagieux. Cependant, Phé avait quelques questions sérieuses à poser avant de rire de la situation :

Andaine est avec toi ? Et les aboiements ? Vous avez résolu l’affaire ?

Une fois les réponses apportées, l’aspirante prit une voix mielleuse, entre hilarités et prières :

Venez nous chercher au lieu de rire on est perdus !!!

Phe serra doucement la main de Karl dans la sienne et lui murmura :

Tant pis si elles nous trouvent pas… on restera là…

Andy se précipita à la rescousse d'une pauvre Fildaïs, le séant douloureusement entré en contact avec le sol. La petite berrichonne toute blonde, la robe éparse, une petite chausse restée abandonnée sur le banc, l'autre toujours à sa place au pied de la jeune fille, tenta de se relever avec l'aide de sa consoeur qui lui posa des questions angoissées.

Humpf ! Mon joli quoi ?... Petit regard interrogateur vers l'angevine. C'est fichtrement pas pratique ces vêtements de dame.

Non ne t'inquiètes pas je souffre surtout de mon amour propre pour l'instant et de mon séant.

La jeune fille se mit à rire de ses propres malheurs.

Des voix qui appellent, une plutôt d'ailleurs. A ses côtés les soeurs répondent. Ainsi elles ne sont pas seules dans les parages.

Puis sans comprendre pourquoi ni comment, Fildais chute dans un grand bruit. Déjà Andaine l'aide et lui demande si tout va bien.

La lieutenante ne peux s'empêcher de rire à l'explication de Fildais.

Au loin une cloche sonne et l'heure tourne donc. Sursaut léger. Il faut retrouver celles perdues et les ramener à la cérémonie avant d'y être en retard.

Rassurée que tout le monde se soit retrouvé, même si quelques centaines de feuilles vertes les séparaient encore, Phe fit cependant la moue à la réponse de Fildaïs. Elle s’apprêtait à lui répondre lorsqu’elle entendit un gros bruit. Une sorte de « boum », suivit par un court dialogue inaudible aux oreilles de l’aspirante.

Norf de norf mais que se passe-t-il ?

Sans attendre la réponse, elle s’impatienta :

Bon alors comment on fait ? On a qu’à dire que vous ne bougez pas et on essaie de vous rejoindre. Essayez d’être bruyante qu’on puisse vous repérer à la voix !

Pherea se mit à rire, autant de Blanches réunies ne pouvait que faire du bruit !

Elle prit la main de Karl dans la sienne, regarda à droite, puis à gauche et s’engouffra sur la voie qui lui semblait la plus stratégique. Au loin une cloche se faisait entendre, il était grand temps de sortir du dédale verdoyant.

Citation :

Elle prit la main de Karl dans la sienne, regarda à droite, puis à gauche et s’engouffra sur la voix qui lui semblait la plus stratégique. Au loin une cloche se faisait entendre, il était grand temps de sortir du dédale verdoyant.

karl suivit Phé et au détour d'une allée verte il entraina son aimée dans la direction du bruit.

Ils apperçurent le groupe, et la sortie du labyrinthe.

Karl tira Phé en arrière, la plaqua avec tendresse contre la haie et l'embrassa avec passion.

Je t'aime amour

A force de persévérance, tout le petit groupe finit par se rejoindre et sortir plus facilement du labyrinthe que l’aspirante n’aurait pu imaginer. Il fallait avouer que le chien de Mys les avait bien aidé.

Alors que Phe s’apprêtait à sortir du dédale, elle sentit la main de Karl qui la tira en arrière. Il l’embrassa et lui murmura les mots 1000 fois entendus mais qui faisaient toujours autant vibrer la demoiselle. Elle lui sourit et lui avoua à son tour son amour.

Constatant que les filles continuaient leur chemin, elle les appela et entraîna Karl avec elle en leur direction :

Attendez nous !

Tout en retirant les feuilles qui s’étaient emmêlées dans ses cheveux lors de la courte étreinte, elle constata :

C’était une bien jolie aventure que celle de se promener dans ce jardin.

Puis mimant de compter les présents, elle s’exclama :

Je crois qu’on n’a perdu personne !