La salle d'Honneur

Absorbée par l'observation des visages, Alie' n'avait pas remarqué l'arrivée de Bitterly. Elle ne s'en rendit compte que lorsque celle ci se trouva à côté.

- Bonjour Alie ! Je suis contente de te voir ici, tu vas bien ?

Elle adressa un sourire à son amie.

- Tu arrives à point nommé ! Oui je vais bien merci ! Et toi ?... Ne te voyant pas j'ai un moment cru m'etre trompée de salle, c'est si grand ! Et Gwalchou ? Il ne t'accompagne pas ? demanda t elle en regardant autour d'elle, comme s'il allait soudain apparaitre devant elles. Elle n'avait jamais eu la suite de l'histoire de leur retrouvaille et elle esperait très sincerement que cela ce soit arrangé.
Des félicitations fusèrent pour la nouvelle sénéchale... certainement la seule femme ici présente à qui elle avait un jour parlé, mis à part Bitterly bien sur.

Mais c'est qu'on allait finir par se marcher sur les pieds là dedans ! Les gens tous aussi nobles les uns que les autres arrivaient par paquet se déversant dans la salle qu'il faudrait bientôt faire évacuer.^^ Mais personne ne semblait s'apercevoir de la cacophonie qu'il régnait en ces lieux. Pourtant, Burger remarqua que cela commençait fortement à puir la sueur et le parfum agressif qui avait été usé abondamment pour l'occasion. Une seule idée parvint à la tête de Burger avec la chaleur qui montait... ça put le fauve ici.

Tandis qu'il dissertait toujours avec Bry, Burger aperçut non loin un homme qui était toujours planqué, il se souvint l'avoir vu en retrait derrière la procureur de Normandie lors du passage du Cortège Royal... Il ne se souvenait pas avoir jamais connu son nom, mais le suivit du regard et le vit s'adresser à un couple qui lui aussi lui disait quelque chose. La dame, Burger était sûr de l'avoir croisé au calva express... Nennya s'il se souvenait bien, et l'homme... hum, n'était-ce pas lui qui s'occupait du protocole pour la cérémonie du Mont Saint Michel ?

Burger, laissa là son ami et jouant des coudes, parvint après avoir renverser quelques verres ici et là par les rejoindre, Il arriva juste à temps pour entendre Camisard s'adressant aux Blackney,

Chat alors ! Ça me fait rudement plaisir de vous voir. Vicomte, Vicomtesse; mes hommages.

Et une autre dame les saluant, que Burger ne connaissait pas

Et bien le voilà ce petit ange... je ne l'avais pas encore vu... comment s'appelle-t-il ce magnifique trésor...

Burger en saluant tout le monde en rajouta une couche,

M'sieur dames, enchanté, on s'est pas déjà vu quelque part ? dit-il avec un petit sourire en coin. Puis leur tendant la main.

Je m'appelle Burger.

Encore tourneboulé de l'aigreur de la dame de Clairval envers lui au campement(1), Adrian n'avait eu que le temps de se changer et de se faire plus présentable, avant de rejoindre le groupe qui partait pour le lieu de rendez-vous. Il ne portait pas les cheveux longs, aussi n'eut-il pas à s'occuper de quelque crinière que ce soit ; de plus, ses cheveux avaient peu de volume, raides comme des piquets, et assez long pour lui cacher parfois les cheveux. C'était chose étrange que ce jeune homme, qui avait la taille haute pour son âge, et l'embonpoint si peu prononcé. Si bien que, comme beaucoup de personnes grandes, il semblait mal à l'aise dans son grand corps, le contrôlant avec difficulté et malaise. L'on aurait juré voir exprimé en lui son nom de famille, "Fauconnier". Car s'il était une personne qui avait assurément les traits d'un faucon, c'était bien lui: celui du faucon pèlerin, qui vole haut, et fond en piqué sur ses proies de sa hauteur. La différence fondamentale était qu'à l'heure actuelle son gabarit l'apparentait beaucoup plus à une grue, oiseau fin et long, aux membres déliés. Et c'était ainsi que se présentait le jeune Faucon à l'assemblée, ce soir réunie dans la salle d'Honneur. Comme un jeune garçon aux cheveux lui tombant sur les yeux, charbons scrutateurs, pénétrants, le nez étant recourbé et montrant une certaine ressemblance à son nom. N'allez pas pour autant imaginer celui de Cyrano, bonnes gens! Mais son appendice avait quelque chose, dans sa petite taille et sa courbe, qui l'aurait évoqué sans peine. Ses mains étaient abimées par les travaux des dernières semaines, et on aurait pu noter sur ses avants-bras traces de contusions et de bleus occasionnés par un travail auquel l'on n'est pas habitué.

Revenons donc à ce changement de frusques, si vous le voulez bien.

Quittant la Clairval et Ethan, peu après, il alla jusqu'à sa tente où il se déshabilla prestement, sortant de son coffre à vêtements le nécessaire pour la soirée. Il passa ainsi des braies bleu sombre, le bleu roy étant réservé à la famille régnante. Puis mit des bottes cirées, de rechange, sa première paire étant alors inutilisable(2). Elle étaient noires, et montaient au-dessous du genou. Puis vint la tunique, descendant sous le genou, de couleur azur, elle aussi. Par-dessus, une chemise couleur crème, descendant au-dessus des genoux. Il prit aussi les brassards de force de son père, les passant à ses poignets. Il n'avait à l'époque pas encore trouvé les dagues de lancer dont ils étaient truffés. Mais poursuivons! Un mantel vint agrémenter le tout, sans capuche, de couleur anthracite, bordé d'un galon de fils d'argent et bleus, représentant des Licornes. Il l'avait commandé à un tisserand de Bayeux, et en était fier. Des fils d'or le parcouraient, concourant à en faire un vêtement de grand prix. Puis cape à la Licorne frappée fut installée sur ses épaules, capuchon en arrière. Il y avait alors deux représentations de la Licorne, brodées sur la cape ; l'une au coeur, et la seconde dans le dos, s'étalant largement sur le dos du porteur. Le but était clair: de se repérer dans la bataille, pour ceux qui n'arboraient pas de harnois. Puis il passa sa ceinture, où il installa simplement Emnulith, l'épée courte de son père, arborant le quatrain d'invocation de Lilith. Il laissa de la place, imaginant qu'il prendrait aussi par-devers lui les armes de son Chevalier. Une fois l'habillement fini, il s'empressa de se rendre auprès de son chevalier, et de voir s'il pouvait se rendre utile. C'était alors qu'il l'avait vue.

En robe.

Problème.

Un chevalier, en ROBE? Par dieu, quelle idée! Mais... Elle était très belle. Pas de cette beauté flamboyante qu'ont les jeunes filles, qui semble rayonner dans les salles, jeunesse et insolence mêlée. Pas cette beauté qui s'étalait à la vue, faisant pâlir celle des autres. Géante rouge contre Naine blanche, celle de la Pivoine était plutôt de féminité pure incarnée, et d'expérience mêlée. Il avait face à lui l'image de la femme mûre dans toute sa splendeur, arborant une robe d'écarlate qui lui allait à merveille, celle dont les premières rides rehaussaient le visage dont les yeux émeraude exhalaient une détermination et une confiance claire. Celle qui, malgré les entraînements, malgré la vie quasi-monacale de l'Ordre, malgré la direction des hommes, arborait les courbes gracieuses, témoins de la féminité. Et Adrian, s'il avait eu l'oeil, aurait pu se rendre compte qu'elle avait sûrement déjà été mère, par ce bassin élargi, par ce port de tête, par cette... expression maternelle qui prenait là toute son ampleur, alors que les restes de sa carapace d'homme gisaient plus loin. Il passa quelques temps le souffle coupé, avant de l'aider à fermer sa robe.

Il... LA FERME!... Bon dieu, mais tu te rends compte? QUOI? Qu'est ce que tu as, encore? C'est que... Tu sais... Elle ressemble à Mère... Ne dis pas de sottises! Mère était plus belle qu'elle! Et...
Et celle qui l'avait brimé depuis plusieurs semaines, ne lui laissant aucun répit, l'humiliant, le rabaissant, appuyant sur son orgueil de noblesse, s'exprimant alors en face de lui avec cette féminité gracieuse de la femme mûre, annihilait pour l'heure tout désir de vengeance, toute haine ou toute colère. La beauté, parfois, a ces pouvoirs que les sentiments ne comprennent pas.

Oh, Pivoine, ne te fais pas d'illusions, tu ne tromperas personne! Tu ne passeras pas du tout pour une noble de cour, une blanche oiselle n'ayant jamais touchée le sang. Tes cicatrices, les cals de tes mains, l'absence de blancheur de ta peau lavée par le soleil, l'air iodé et le vent, ta musculature présente malgré tes rondeurs, ne cacheront rien à personne. Même ta cape ne sera sûrement pas une aussi bonne carte de visite de ta fonction. Une fois la petite aide donnée, bras-dessus, bras-dessous, Grand Maistre et Maistre d'arme, suivis par le jeune homme, quittèrent le tref.

Et c'est ainsi que, peu après, les Licorneux, parés et habillés, quittèrent leur campement, le laissant aux hommes d'armes pour s'en aller à la cérémonie. Le jeune Vicomte pénétra ainsi dans la grande pièce où nombre de personnes étaient présentes en grand apparat. Il se tenait à distance respectueuse de sa mentor, sa miséricorde à la ceinture, regardant autour de lui d'éventuels visages connus. Nith était assis, seul. Akane dans son coin. Ethan en train de parler à une Dame Blanche. Bien. Le jeune homme regardait peu la cérémonie, comme la plupart des gens, en fait. Plusieurs discussions démarraient dans le fond de la salle, et l'annonce de la prise de fonction de la jeune Montbazon-Navailles, qu'il ne connaissait pas, le laissa de marbre. Il n'avait pas encore, à l'époque, le référentiel du cérémonial strict de l'Ordre de la Licorne pour juger de cérémonies de ce genre, qui lui faisaient plus penser à une réception qu'à une cérémonie symbolique. Baste. Ainsi le jeune homme était à quelques pas du Maistre d'arme et du Grand Maistre, observant la salle, tâchant de ne pas les perdre de vue, et de s'occuper. Et ainsi s'écoulerait sans doute un long moment. Subrepticement, il glissa un regard vers celle qui s'occuperait de lui dans les prochains mois.

Mam... Pivoine, l'écarlate te va décidément fort bien. Assurément.

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(1): Cf l'installation du campement des Licorneux, dans les ruines du vieux manoir.

(2): Cf l'arrivée des Licorneux, à la barbacane de la gardienne.

En retard, en retard, en retard… L’échanson avait un peu traîné dans la cave, son endroit favori et la cérémonie ne l’avait pas attendu. Il avait cependant pris le temps de soigner la présentation du plateau, fait d’une planche en bois rectangulaire sculptée, en déposant des feuilles de lierre entre les hanaps emplis d’hypocras ou d’hydromel.

Il arriva enfin dans la salle où les invités devaient s’impatienter. Il s’éclaircit la voix à l’entrée et avança doucement vers les convives en leur proposant une boisson :

Hydromel, hypocras… servez-vous !

Le jeune homme parvint à la salle d'Honneur avec un certain retard, la nouvelle sénéchale de l'ordre avait apparemment déjà été nommée... Mais cela ne chagrina point Gwalchmai. A vrai dire, il n'avait jamais réellement su quel était le rôle de cet ordre d'Amazone, alors savoir qui était sa sénéchale... Mais il était là pour Bitterly. Elle l'y avait convié. A vrai dire il ne savait pas comment il allait devoir se comporter avec elle. Depuis leur discussion près de la fontaîne, le jeune homme ne l'avait plus croisée. Bientôt il y aurait sa fête aussi... Mais de toute façon le jeune homme avait pris sa décision, peu importe l'accueil que lui réserverait la jeune femme, il s'était juré d'être toujours là pour elle désormais, quelques soient les circonstances.

Se frayant un chemin dans la foule joyeuse, il prit un verre d'hydromel au passage, scruta les visages à la recherche de Biterly ou Aliénor... Il vit une dame qu'il avait vu à une époque à Vendôme, mais dont il avait oublié le nom. Captive des Lucioles lui semblait-il...

Enfin il aperçut les deux jeunes femmes. Il se dirigea d'abord vers Aliénor, qu'il n'avait point vu depuis fort longtemps.

Héla, Aliénor! Comment vas-tu? Depuis le temps? Il fit la bise à la jeune femme et, se tournant vers la petite brune, rajouta:Bonjour Bitter'..

La jeune femme pouffa de rire, Jacouillet et la nourriture, secouent doucement la tête elle sourit, au moins même si elle était nulle en cuisine il avait toujours faim, collent un poutou sur son nez, Titca sourit et resta dans un coin bien tranquille elle n'allait pas criée vive le roy, surtout que maintenant c'était plutôt l'empereur quel servait, haussent les épaules elle fut rassurée que Jacou fassent comme elle, ne rien criée du tout, c'était plus convenable.

Rassure toi Jacou, met ton ventre de coter un moment, rooh glouton... Titca lui fit un petit clin d'oeil et tapota son ventre. Moi j'ai envie de miel t'imagine même pas... Les joies de la grossesse toujours faim toujours envie de miel, si ce petit était pas un ''ours'' elle ne comprenait plus rien.

Que du beau monde, et plein de connu... Une choses est sur la fête des Dames Blanche marche à merveille. Titca balaya la salle du regard et sourit à la vue de certaine personne amis de ses parents, grimaça parfois, mais que rarement quand même.

Oh tiens mais qui voilà. Bonjour à vous Cyann, alors ça c'est une surprise de vous trouver ici. Pour tout vous dire j'ai laissé mon costume de Jacouillette à Annecy et puis je n'ai pas eu trop le temps de faire des couettes.

Les femmes rient à la tirade de Jacouillet. Titca et Jacouillet l’accueillir avec des sourires désarmants. Il formait u couple charmant et Cyann observa, un sourire attendri sur les lèvres, le ventre rond de la jeune femme, avant de relever la tête et de répondre à sa question

Jacou une dame blanche, oh vous savez il cache parfois bien son jeu mais point à se stade la, c'est Wonderanny qui ma invitée et acceptée dans sa bonté que je ne vienne pas seule, mais comment ce nomme cet homme dites moi ? ...votre compagnon de présume ?

Cyann rougit légèrement

Heu non enfin oui … * rire en grelot* Il se nomme Brylastar, et il n’est mon compagnon que dans le cadre de l’AAP, c’est un collègue .. en somme … enfin non il ets aussi mon chancelier et je suis sa diplomate mais enfin, il n’est pa smon compagnon au sen sou vous heu l’entendez, enfinb ou vous pourriez l’entendre …

Cyann rougit comme un coquelicot se rendant bien compte que ses explications étaient totalement brouillon. Puis, elle suivit le couple qui l’a gentiment invité à se joindre à eux, sans mot dire. Elle observa les va et viens dans la salle et chercha du regard Brylastar ; Après quelques échanges avec ses confrères troubadours, elle prie congé et se dirigea bientôt vers Brylastar qui était en compagnie d’au autre homme qu’elle ne pouvait pas reconnaître vu qu’il lui présentait son dos. Alors qu’elle fendait la foule bruissante, l’homme au coté de Brylastar fit tout haut une annonce ; La sénéchale avait été élue. Son nom retentissait dans toute la salle suivi d’un tonner d’applaudissement auquel se joint notre blonde.

Une fois l’ovation finie, Cyann parcouru les quelques pas qui la séparait des deux hommes et attendit la fin de leur conversation pour entrer dans le cercle.

…..vous souhaite bon courage ! Il n'est pas aisé d'intéresser le lecteur aux soirées mondaines... Un conseil, toujours trouver un détail croustillant, une petite allusion, quelque chose. Puis se remémorant qu'il bossait à l'AAP Ah mais c'est vrai que dans votre cas il s'agit plus d'une information formelle... ce n'est pas de la presse à scandale ! dit-il en souriant... Vous savez mon ami, parfois les scandales il faut savoir les créer... ces soirées sont souvent d'un ennui mortel... La duchesse truc qui fait la courbette devant le comte machin... et blablabla. Non, il faut savoir avoir l'œil ou sinon créer l'occasion... m'enfin, nous verrons bien au fil de la soirée.^^

Par contre, le chancelier du Comté d'Artois...dit -il avec un petit sourire au lèvres... Ca mériterais presque que l'on porte un toast à messire Yeuxbleus suggéra t-il d'un air carrément hilare.

Cyann, s’insinua entre les deux hommes et leva un sourcil blond d'un air tranquille, sourire sus ses lèvres nacrées[/i]


Bonjour messieurs... Brylastar *le regarde, incline la tête légèrement* et mmhh à qui ai je l'honneur ?plante ses deux topazes sur Burger, toujours souriante, [/b][/color]

Sindbad venait juste de vider son verre lorsque passa un homme, les mains chargées, qui annonçait :

Citation :

Hydromel, hypocras… servez-vous !

C'était jour de fête aujourd'hui. Il décida de tenter sa chance sur le verre d'hypocras, qui semblait lui tendre les bras. Hmm...Excellent.

Puis, le verre en main, il poursuivit sa déambulation en cette salle pleine.

Eudes grommelait tout en essayant de paraître avenant avec les convives des Blanches. Faux sourires aux impolis qui se servaient sans même le remercier, lui l’échanson de l’Ordre, il était pourtant un peu chez lui dans le manoir de la Grande Amazone. La Grande Amazone justement, il se dirigea vers elle pour lui proposer un petit remontant, même si elle avait déjà du se « désaltérer » avant d’entrer en scène pour annoncer la nouvelles sénéchale. Eudes avait toujours eu un faible pour Nanny, comme pour un peu toutes les femmes de l’Ordre. Il se souvenait avoir discuté avec son cousin, échanson lui aussi, qui lui avait fait remarqué combien il avait de chance de travailler dans une commanderie exclusivement féminine. Petit sourire en coin à la pensée qu’il côtoyait toutes ces femmes quotidiennement, elles lui semblaient ainsi un peu à lui.